2012/06/24

Enfants : et si on arrêtait de théoriser ?

L'autre jour je lisais cet article de Titeve : Pas d'écran avant 3 ans : pour ou contre.

La question qu'elle a très bien soulevée était "pourquoi ?"

Pas pourquoi il ne faut pas les laisser 24/24h devant la télé, ça toute personne ayant deux doigts de jugeotte s'en doute, non pourquoi on devrait leur interdire tout contact avec un écran (télé, ordi, et autre technologie du futur) avant ses trois ans.

Je veux dire, il se passe quoi si on suit bien comme il faut ces recommandations ? on coupe la télé dès que Junior entre dans la pièce ? on n'allume pas l'ordi tant qu'il est dans les parages ? on lui pose des cache-yeux pour qu'il ne voit QUE sa boite de légo ? En somme, on s'interdit de vivre normalement (oui désolée, je suis une geekette, et en plus je travaille de chez moi, sur internet, donc j'ai un tout petit peu besoin de mon pc dans la journée), et on se cache avec le portable dans les toilettes pour que les petits yeux de notre progéniture ne se posent surtout pas sur un écran avant l'âge fatidique de ses trois ans, date à laquelle il pourra (enfin) accéder au saint Graal qu'on lui refuse depuis sa naissance et rester vautré devant des dessins animés qu'il découvrira pour la première fois, effaré ?

J'exagère ? (si peu)

Bon ben on fait quoi alors ? on le laisse quand même un petit peu devant les dessins animés le temps de faire son risotto en se disant que quand même on n'est pas de bons parents parce que c'est-pas-bon-pour-lui ?



Nan parce que c'est bien gentil toutes les théories qui nous disent que, selon une étude (souvent américaine, l'étude)(quand on sait que la majorité de celles-ci ne sont en fait que des études statistiques aussi poussées que "70% des femmes qui portent un pull bleu perdent du poids, donc les pulls bleus font maigrir") selon une étude, donc, les enfants ne devraient pas avoir accès à un écran, ni au soleil d'ailleurs, ni au sucre sous toutes ses formes, ni aux nuggets-frites, ni aux biberons en plastoc, ni à la terre ou au sable, d'ailleurs au final si on pouvait les garder sous vide pendant quelques années on s'éviterait bien des ennuis.

Et on fait quoi nous, pauvres parents déjà pas bien sûrs de nous, pour s'en sortir quand même et avoir une vie qui ne tourne pas à la psychose permanente ? Ben on fait quand même, parce qu'on n'est pas des robots, et surtout, on cul-pa-bi-lise bien parce qu'on "ne fait pas tout ce qu'il faut pour nos enfants".

Bien sûr, il y a du bon sens dans tout ça, on ne peut pas laisser son gamin toute l'après-midi en plein soleil sous peine de devoir le recouvrir de biafine le soir venu, ni le nourrir exclusivement de frites arrosées de coca, parce que niveau diététique c'est moyen, mais ça tout le monde le sait. Bon ok, y'a peut-être deux-trois cassos qui l'ignorent, mais dans l'ensemble, je pense que les parents en général ne sont pas des débiles congénitaux et arrivent à élever leurs gamins dans de bonnes conditions. Alors pourquoi toujours en demander plus ? Pourquoi élever au rang de marche à suivre quelque chose qui ne relève que du simple bon sens ? Du coup, certains parents se sentent un peu perdus et se posent plein de questions là où il leur suffirait de réfléchir deux minutes pour trouver ce qu'il convient de faire. Mais on nous a tellement habitué à suivre les directives qu'on ne sait plus se débrouiller tout seuls. On a peur de mal faire.

Mais bon sang au bout d'un moment pourquoi faudrait-il que tout soit tout le temps parfait ? Un gamin qui ne marche pas avant ses deux ans a-t-il râté sa vie ? Est-ce qu'on a le droit de l'emmener à la plage avant ses 6 mois ? est-ce que ça fait de moi une mauvaise mère s'il mange des pâtes trois repas de suite ?

Dites, on ne pourrait pas juste arrêter de mettre la pression sur tout le monde et se laisser vivre 5 minutes ?

J'ajouterais un petit mot, vaguement féministe, pour dénoncer le fait que dans la majorité des cas, on s'adresse aux "mamans", et pas aux "parents". Les pères, ces pauvres êtres qui de toute évidence n'y connaissent rien, semblent dispensés d'être parfaits. Ils peuvent se permettre de laisser leurs enfants pas lavés, les dents pas brossées et couchés à pas d'heure avec un bib de coca sous la couette sans que ça ne choque tellement l'opinion publique.

L'image d'une Samantha Stevens, Caroline Ingalls ou Bree van de Kampf semble être de plus en plus valorisée. On ne peut dignement s'épanouir qu'en étant dévouée à ses enfants, travailler et les laisser en garde devient une hérésie, vive les femmes au foyer... Perso ça me donne l'impression d'un sacré retour en arrière, pas vous ?

E.

4 commentaires:

  1. Gné ? Le minou devant la télé toute la journée pour que je puisse profiter de mon congé parental sans m'en soucier, spa possib' ? Rha merde, chuis un cassos... ;)

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    1. Chuis sure qu'en plus tu lui mets de la bière dans son bib' pour le faire dormir :D

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  2. Je ne sais pas trop à quel degré tu parles ;-)

    Quelques justifications sur le site du CSA
    http://www.csa.fr/Television/Le-suivi-des-programmes/Jeunesse-et-protection-des-mineurs/La-protection-des-tout-petits

    Je crois qu'il faut surtout éviter que le tout-petit soit "happé" seul devant l'image

    L'article du CSA ne s'adresse pas spécialement aux mamans.

    D'ailleurs prendre une pause sur son écran favori, ça peut être l'occasion de mettre bébé dans les bras de papa, non ?

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    1. Eh bien en fait je suis partie de là pour ensuite parler de ces dérives du "parent parfait en tout" et pour dénoncer d'une certaine façon l'habitude que l'on a à vouloir "formater" les parents et leur façon de faire, à tel point que ce qui parait du plus simple bon sens n'est plus aussi évident que ça pour certains. Je n'en ai pas particulièrement après le CSA :)

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