2012/04/26

De l'auto-censure

J'ai longtemps hésité à écrire ce qui va suivre (même si à ce stade je n'en ai encore qu'une vague idée), parce que je m'auto-censure. S'il y a bien une chose que j'ai du mal à gérer, c'est de créer du conflit. J'en ai parlé il y a quelques semaines, je crains beaucoup de devenir la cible du déchaînement des idées, même si la plupart du temps ça ne me freine pas pour dire ce que j'en pense, mais ça me fait souffrir quand même (suis maso).

Cette fois c'est différent, parce que je sens une véritable violence latente dans tout ce que je lis, et je ne tiens pas tellement à mettre le doigt dedans. Le débat est d'une virulence sans égale et ça m'effraie.

Je pourrais ne pas écrire cet article et rester songeuse dans mon coin, mais ça m'ennuie de ne pas dire ce que j'en pense, et j'estime que j'en ai le droit (pour le moment). Je n'ai pas l'âme d'un Gandhi, mais je préfère autant que tout le monde reste non-violent (si c'est pas trop demander)(merci de garder cette requête en tête jusqu'à la fin de l'article)(pas taper).

Ceci n'est qu'une illustration, elle ne reflète pas mes opinions (ni le contraire) (pas taper).

Depuis quelque temps, et surtout depuis les résultats du premier tour, j'ai l'impression que le monde s'emballe. En face de chez moi les colleurs d'affiche se livrent une bataille sans fin, la tête du gars sur le papier change tous les jours, ils arrachent l'affiche précédente, lui crèvent les yeux, taguent "escroc" dessus, avant de coller leurs propres affiches, il y a un tas de papier pourrissant au pied du mur, ça devient vraiment n'importe quoi. Comme si les gens allaient se décider en fonction du dernier à rester affiché sur le mur. Comme si on avait besoin de voir la tête de l'un ou de l'autre pour se prononcer.

Je n'ai pas l'impression d'être un lemming, je n'ai pas l'impression que les gens autour de moi soient si stupides.

Pourtant je vois partout, dans des blogs, sur facebook, à la télé, des gens qui font clairement de la propagande. Je ne vois pas comment on peut appeler ça autrement. Ca va dans les deux sens, aucun n'est épargné, mais plutôt que d'expliquer ce qu'on compte faire, on s'escrime à démontrer que l'autre candidat est un monstre assoiffé de sang, incompétent et uniquement intéressé par le poste.

Les deux.

Tout pareil.

Ca pourrait me faire rire, autant de mauvaise foi et de prenez-nous-pour-des-cons, mais ça m'inquiète. Ca m'inquiète parce que ça prend des proportions délirantes. J'ai lu hier cette histoire de biscuits, des gens qui se lancent des yaourts à la tête parce qu'ils n'ont pas les mêmes idées politiques ? non mais sérieusement ?

Je vois sur facebook des images, des textes, des deux bords (oui je me félicite d'avoir des amis des deux bords, même si je pleure à l'idée que si je les invitais tous à diner ils finiraient par se foutre sur la gueule, et ce malgré ma forêt noire de folie (qui volerait sans doute dans le salon)(quel gachis)) et ça me fais peur. Je n'ose pas aborder le sujet avec eux, je n'ose pas donner mon avis, surtout que des avis, j'en ai peu, la politique, franchement, ça m'intéresse à peu près autant que les résultats de la dernière course de Vincennes, mais je me demande à quel point ils croient en ce qu'ils publient ou relaient. A quel point ils sont "à fond dedans" et si cela ne me montrait pas une image d'eux que je ne connaissais pas (et que je n'avais pas particulièrement envie de connaître).

Dans les médias, les blogs, les journaux, on trouve des infos sans fondement apparent, des chiffres sans source, qui servent juste à s'exciter, quitte à se battre physiquement pour faire rentrer ça dans le crâne des autres. On n'en a pas encore entendu parler, mais ça ne m'étonnerait pas qu'on en arrive là. Un peu comme des supporters de foot : mettez un type d'un bord tout seul au milieu d'une foule de l'autre bord et le type ressemblera davantage à la pâté pour son chien qu'à un être humain à la fin de l'acte.

J'ai hésité pour cette image que j'ai mise en illustration. J'avais peur qu'on me catalogue dans un camp ou dans l'autre et que se déchaînent les foudres de ceux qui se sentiraient visés. C'est toujours le cas (j'ai toujours peur je veux dire) mais j'assume, ce n'est qu'une vieille affiche de propagande, et elle illustre mon propos. Elle l'illustrerait encore meux si justement les foudres se déchaînaient. (attention, je ne le souhaite pas hein, pas taper).

Ce qui me désole, c'est que sans s'y intéresser particulièrement, c'est à dire en survolant les infos, en subissant les phrases chocs qu'on nous ressort à toutes les sauces, on n'arrive pas à savoir ce que chacun propose. Je n'ai pas reçu la fameuse enveloppe marron qui était sensée m'expliquer les programmes, et de toute façon, je doute qu'on puisse retrouver dans les assiettes ce qu'il y avait d'écrit sur le menu. A chaque fois c'est la même chose, on commande un prince des mers en manteau de pourpre et on se retrouve avec une sardine à la tomate. Mais ce que je retiens de tout ce fouillis, c'est que d'un bord ou de l'autre on pense que l'autre, il est trop nul. Et on va vous montrer à quel point il est trop nul.

(Votez pour moi).

(Je suis nul aussi, mais quand même l'autre est vachement plus nul que moi).

C'est désolant. J'aurais préféré trouver ça déso-pi-lant, mais non. Ca me navre qu'on prenne à ce point les gens pour des crétins.

Non en fait ce qui me navre, c'est que les gens le soient vraiment (des crétins).

Non en fait ce qui me navre le plus, c'est d'écrire un article édulcoré et pesé, parce que j'ai conscience de marcher sur des oeufs et que je ne cherche pas la confrontation (chuis pas une âme courageuse, on l'aura compris). Mais dans le même temps, j'estime que mon droit d'expression est indirectement brimé par l'ambiance foireuse qui fait que je m'auto-censure pour préserver ma tranquilité.

Je crois que c'est ça qui me navre et me fait le plus peur, parce que la liberté d'expression, réelle ou ressentie, me semble être importante pour la prise de température d'un pays. Si elle baisse, et qu'on ne se sent plus libre de dire ce qu'on pense, ce n'est généralement pas bon signe.

Bon et puis j'aurais pu aussi me foutre de la gueule des journaliste politiques qui sont devenus des machines à petites phrases et dont les questions sont au niveau du débat général, mais on serait repartis pour un (deuxième) tour, et je trouvais que ma conclusion n'était pas si mal alors on va s'arrêter là...

Quand même, vivement que ça soit fini tout ça.

E.

2012/04/05

Recette de la semaine

Hier midi, quand Chéri d'Amour est arrivé de son boulot pour manger, je n'avais rien préparé [booooouuuuh fait le public](crotte de sanglier, j'étais en train de bosser, lui dis-je au public)(parait que le sanglier est vachement à la mode dans les insultes chez les jeunes)(j'essaie de faire jeune, voyez). J'ai donc dû faire mes petits plats du mercredi un jeudi, ce qui ne dérange finalement pas grand monde, je crois.

En entrée, nous avions une salade romaine aux trois saveurs. La recette me vient d'un petit bouquin que je tiens de je-ne-sais-où, peut-être un supplément d'un magazine quelconque, qui s'appelle "Salades d'été". Notez qu'on peut aussi les faire au printemps, ces salades, c'est pratique.

Les trois saveurs en question étaient poire, pastèque et gorgonzola. Bon la pastèque, en ce moment, on en trouve peu, et d'ailleurs même en été, c'est pas gagné par chez moi, j'ai donc remplacé par du melon (c'est pas la saison beugle le public)(zut, lui r'éponge, on trouve des melons antillais tout à fait délicieux en ce moment).

J'en ai profité pour dégainer un objet dont je me sers environ tous les deux ans tellement c'est un truc utile : la cuillère à boules de melon.

Ca donne des trucs un peu bizarres :

Et encore, j'ai optimisé les pertes

Et puis je me suis tellement amusée à faire des bouboules que...

Ca a donné une salade de bouboules...

Bon par contre, dans mon monde, faire des boules avec du gorgonzola, c'est pas vraiment faisable, mais si on regarde vite fait, ça va.

Une salade sans salade, vu que chéri d'amour n'aime que les endives, et que des endives, y'en avait déjà dans le plat. J'ai ajouté quelques feuilles de basilic hachées dessus, et hop-là.

Verdict : C'était bon, mais sans plus. Chaque élément séparément était très bien, (sauf peut-être le gorgonzola qui n'avait pas énormément de goût), celui-ci allait bien avec le melon, mais la poire n'apportait pas grand-chose à l'ensemble. Une entrée rafraichissante quand même (mais vu le temps qu'il fait en ce moment, on n'en avait pas tellement besoin).

Pour le plat, c'était jarret de veau aux endives.

La recette me vient du livret de la cocotte-minute que Beau-Papa nous a donné, et qui date d'au moins tout ça (la cocotte, pas Beau-Papa)(Beau-Papa date d'encore plus, puique c'était déjà sa cocotte depuis longtemps)(mais ça se dit pas quand même...)(notez qu'on savait faire du matos solide et durable à l'époque)(enfin je dis ça je dis rien). Cette recette-ci a été faite par Gérard Besson, de Paris, qui avait une bonne tête de vainqueur (j'espère que ça s'est amélioré depuis).

Rooh on avait dit pas les habits...
Donc, le jarret de veau aux endives :

Ingrédients :
4 morceaux d'osso-bucco
1 oignon
3 carottes
1 verre de vin blanc (ou de bouillon-cube dilué dans l'eau si comme moi vous n'avez pas de vin blanc)
2 endives

Faire chauffer l'huile dans la cocotte (Sensor de Seb), et faire dorer les morceaux de viande sur toutes les faces. Ajouter l'oignon et les carottes coupés en lamelles dans la cocote (Sensor de Seb), ajouter du sel et du poivre et le verre de vin blanc et laisser mijoter 2 à 3 minutes. Ajouter les endives entières (ou coupées en deux selon leur grosseur) sur le dessus, fermer la cocotte (Sensor de Seb) et faire cuire 10 minutes à partir du chuchotement de l'appareil (qui est une cocotte Sensor de Seb)(si on oublie la marque de la cocotte en cours de route, c'est pratique, on nous le répète toutes les deux phrases).

Verdict : C'était la première fois que je faisais cuire de l'osso-bucco, et ma foi, c'était très bon ! les carottes ont bien pris le jus, ce qui leur a donné un goût extra, les endives un peu moins, mais c'est parce qu'elles étaient sur le dessus, la viande était toute raccornie, mais bien cuite (elle ressemblait à la photo du livre, donc c'est que c'était bien), et tout le monde (même Junior) s'est régalé.

Deux morceaux pour Chéri d'Amour, il fallait bien ça.

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui, on peut même ajouter que c'était une réussite. Au menu de la semaine prochaine : poulet gourmand et saumon parmentière.

E.