Murphy vous connaissez ? nan pas le gorille qui pète quand on lui appuie sur le ventre, celui de la loi de Murphy, aka loi de l'emmerdement maximum ? Ben aujourd'hui, j'ai vécu ce genre de journée. Le genre de journée qui te met la pression dans le rouge et te fait te retrouver en slip en train de demander à ton gamin de se coucher sur ton sac à main. Si si.
Ce matin, mon cerveau tout d'abord peu enclin à se lever réalise tout soudainement que c'est mercredi et que donc, c'est grasse mat' jusqu'à ce que Junior se lève (au moins un quart d'heure de répit, woohoo !). MAIS Chéri d'Amour me rappelle gentiment que ce matin je dois faire les courses parce qu'hier soir on n'avait pas le temps et que quand même ça résonne dans les frigos. Il faut dire que hier soir, j'ai eu kiné alors que j'avais mal à la gorge et plus de voix et que ce sadique m'a fait travailler des muscles dont mon cerveau ignorait jusqu'à présent la fonction. De toute façon, je ne vois vraiment pas l'intérêt de soulever les jambes quand on est à plat ventre. Si on se met à plat ventre, c'est qu'on dort, ou qu'on bouquine sur la plage, on n'a donc absolument pas besoin de lever les jambes (encore moins les deux en même temps). Bref. Pendant ce temps-là, Junior et son pôpa étaient à l'essayage de la tenue de hockey sur glace sans glace (je vous expliquerai). Donc, ce matin, c'est courses (oui, parce qu'on n'a qu'une voiture, sinon c'est pas drôle), je dois donc emmener Chéri d'Amour à son travail.
Je me lève, m'habille et me rend compte que mon jean a une tâche. Pas bien grande, personne ne la verra, mais moi je sais qu'elle est là. Et là je n'ai pas d'autre pantalon. Et je ne marche pas toute la matinée en jupe, on voit bien que vous n'avez pas les cuisses qui frottent, vous. Donc, j'enfile mon jean en grommelant, j'enfile également vite fait un t-shirt et un pull cache-cœur, un coup de fond de teint, un coup de mascara, hop-là.
Évidement, Junior râle et traîne, sinon c'est trop facile. J'enfile mon écharpe (j'ai mal à la gorge) et il y a du vent, forcément. Beaucoup de vent, donc mon écharpe me bouche la vue, tombe par terre, bref, ça devient super chiant. Je l'enlève. J'ai froid au cou. On emmène Chéri d'Amour à son travail, Junior râle pour avoir un bisou, puis il râle parce qu'il ne veut pas faire les courses, puis il râle parce qu'il a trop faim, puis il râle parce qu'il a trop soif, puis il râle parce qu'il a trop chaud, puis il râle parce qu'en fait il veut faire les courses, puis il râle parce qu'en fait il n'a pas trop chaud. Je démarre et me dirige donc stoïquement (avec toutefois un léger tic nerveux dans l’œil gauche ) vers le supermarché.
On prend un caddie, c'est pas celui-là qu'il veut, on change de caddie (notez que j'ai quand même bon fond) (mais il n'est encore que 8h30) je le monte de force dans le siège parce qu'il est déjà pénible et que je sais que j'ai de grosses courses à faire, je ne défie donc pas le sort, je contient la bête. Hors de question de lui courir après dans le magasin avec un paquet de papier toilette sous le bras.
Les courses se passent à peu près sans encombre, entrecoupées régulièrement de "lance pas ton doudou", "arrête de crier", "non tu ne peux pas jouer avec la boite à œufs","tiens-toi droit", "arrête tes coups de pied", "ne touche pas à ça", "mais non je te dis que tu ne peux pas jouer avec la boite à œufs", "lance pas ton doudou j'te dis". Le léger tic nerveux est d'ores et déjà accompagné d'une veine qui grossit sur mon front (là où j'ai vu un petit bouton commencer à sortir ce matin) et je ne dois pas avoir l'air commode parce que les gens se poussent sur mon passage. Junior me répète sans cesse qu'il a très faim (regards émus des passants). Je lui explique vingt fois que c'est pas l'heure de manger (il est 9h), qu'il vient d'avaler son petit déjeuner et que de toute façon on n'a pas le droit de manger dans le magasin. Evidemment, la seule réponse qu'il trouve, c'est "mais moi j'ai très faim", donc on reprend la tirade, le tout entrecoupé des autres tirades sus-mentionnées, ça n'en fini pas (je vous ai dit que j'avais mal à la gorge ?).
Passage en caisse, il me demande 4 fois s'il peut descendre. Je lui répond gentiment et distinctement, mais comme il n'écoute pas un mot, il me repose la question quelques secondes plus tard. Je finis par lui dire, un peu sèchement surement, que s'il avait écouté les trois premières fois, il saurait que non, il ne descend pas. Du coup, bien sûr, Junior chiale. La caissière, cette traîtresse, lui balance des "oh ben alors" consolants tout en me réclamant la moitié du PIB du Burundi. Mon pull me tient trop chaud et il n'arrête pas de remonter, j'en ai marre de me rhabiller sans cesse.
On se dirige vers la sortie, là où le gérant du magasin a judicieusement disposé les petits manèges à pièce sur lesquels Junior veut monter systématiquement. Là, j'ai d'autres courses à faire, on va donc à la pharmacie.
Je ne suis pas sotte au point de laisser Junior juché sur son caddie devant le rayonnage des gélules de compléments alimentaires, je le fais donc descendre et l'emmène avec moi de rayon en rayon, cherchant du savon d'Alep et un lait pour le corps. Enfin le trainer serait plus proche de la vérité. Non en fait pour vraiment bien se représenter la scène, il faudrait imaginer que je trimbale avec moi un chimpanzé sous acide. Junior se pend à mon bras, sautille et lève les jambes, se penche dans tous les sens, fais demi-tour sans me lâcher la main et moi j'essaye de discuter avec la vendeuse qui voudrais bien me coller du lait sur le dos de la main (main dans laquelle j'ai déjà un flacon pompe de savon d'Alep). Bien sûr, j'essaye de le calmer, enfin j'essaie surtout de ne pas lui foutre mon pied au cul parce que là ma patience commence à sérieusement s'effilocher. Je lui promet le coin au prochain reproche. Bien sûr, il se tient tranquille jusqu'à être remonté dans le caddie, certain que la menace du coin ne tient plus dès à présent (malin le gredin).
On arrive à la voiture, je l'assied dans son siège auto (hurlement à base de "non c'est moi qui monte tout seul"), je lui ouvre son manteau parce qu'il fait 50 degrés dans la voiture ("naaan je veux mon manteau fermé") de guerre lasse, je laisse le manteau fermé, je l'attache, puis je passe au remplissage en règle du coffre. La porte du coffre cogne évidemment dans le caddie, qui pèse trois tonne et est aussi maniable que le Queen Mary, et qui refuse de se tenir tranquille à 40cm de l'arrière de la voiture. Je remplis mes sacs, le caddie se balladant allègrement tout autour du coffre (fichus parkings pas plats) et comme les packs d'eau ne rentrent pas, je les met sur le siège arrière ("mais maman, faut mettre ça dans le coffre ! - oui ben ça rentre pas dans le coffre - mais ça va pas sur le siège, ça va dans le coffre ! - je sais mais comme je viens de te le dire, ça ne rentre pas das le coffre... - mais maman, ça va dans le coffre ! - bon hey oh, le psychorigide !").
On démarre (maman, j'ai trop chaud mouuuaa), je descend, j'ouvre le manteau (nan c'est moi qui le fait tout seul), j'envisage une seconde de rentrer chez moi à pied, mais comme c'est encore plus éreintant que de continuer avec lui, ben...
Notez quand même que 90% de mon coup de nerf tient au fait que Junior a été absolument infernal. Comme quoi les enfants, c'est quand même pas QUE du bonheur.
Au point où on en est, je me dis que ça peut pas être pire, donc je décide d'aller m'acheter un jean. Devant le magasin se trouvent deux dames qui font des sondages. Je leur décoche mon regard "faites pas chier, c'est pas le jour", mais elle m'accostent quand même, et me demandent si j'habite ici. "Ah non" leur r-éponge contente de moi, je viens de Toulon (c'est pas totalement faux dans un sens). Je sens qu'elles ont envie d'insister, mais j'entre furieusement dans le magasin, trainant toujours Junior-chimpanzée derrière moi. Je prend péniblement trois pantalons sous le bras (c'est pas tellement des pantalons qui me plaisent, c'est surtout les trois seuls jeans dans ma taille) et me dirige vers les cabines. Là, la dame des cabines m'explique que je ne peux pas prendre la cabine des handicapés, et que je dois prendre les cabines de 50cm². Je lui explique sans trop de ménagement que mon fils a trois ans, que je ne peux pas le laisser tout seul dans l'allée (vu comme il se tortille, ça se voit non ?) et que j'en ai que pour cinq minutes. Elle au moins a compris mon regard "faites pas chier" parce qu'elle a juste grommelé un truc en se retournant. Si une chaise roulante arrive, elle attendra bien cinq minutes, moi j'ai un chimpanzé survolté collé au bout du bras, c'est tout aussi handicapant.
Après avoir crié silencieusement à Junior d'arrêter d'ouvrir le rideau et de se tenir tranquille (p*** de b*** de m***), en, pourquoi pas, s'allongeant par terre avec mon sac à main comme oreiller et mon écharpe comme couverture (et ça marche dis-donc), j'essaye le premier jean, de ma taille, mais trop petit. J'essaye le second jean, de ma taille, qui me va bien mais qui est un peu serré et dont l'arrière n'est pas conçu pour des fesses comme les miennes (l'abruti qui les a dessinés ne doit pas voir beaucoup de femmes comme moi), exit donc jean 2 avec la taille au milieu des fesses. Jean 3 me va bien, ce qui me désole, vu que c'est la taille au-dessus. Allez, j'ai encore pris une taille de plus. Je ne l'aime pas plus que ça, mais il me faut un pantalon, alors j'achète le pantalon.
Arrivé sur le parking devant chez nous, le gars qui aménage le hangar en face vient me parler. Longtemps. Pendant ce temps Junior continue son numéro de n'importe quoi. Il cours en rond dans les graviers, tombe quatre fois, ignore mes injonctions à se tenir tranquille, je pense sérieusement à une Juniorectomie. Puis la factrice arrive. Elle ne sait pas que c'est chez moi qu'elle sonne et que je suis juste de l'autre côté de la route, elle voit juste une dame avec un gamin qui lui court autour en hurlant, les mains pleines de sacs de courses;, en train d'écouter vaguement le gars du hangar. Quand j'arrive enfin à expliquer que je dois récupérer ce colis et que faut me laisser maintenant, la factrice est sur le point de partir. Je la rattrape, elle fait la gueule (ben oui, elle a attendu alors que j'étais en train de discuter), elle me colle son colis dans les mains (p*** mais j'ai déjà plein de paquets) et Junior qui continue sa sarabande, mais bon sang on lui a mis du café dans son bib' ce matin ou quoi ?
Puis j'arrive en haut des marches, devant la porte, et... Les clefs sont restées dans la voiture. Et junior râle parce qu'il veut ouvrir la porte maintenant et ne veux pas attendre que j'aille chercher les clefs. Il en a rien à foutre lui, qu'elles soient restées dans la voiture, les clefs. Moi, j'en peux plus, je le colle au coin devant la falaise du jardin et je lui dit que je veux plus l'entendre jusqu'à nouvel ordre. Évidemment il chiale, mais zut il l'a bien cherché. Évidemment le mec du hangar n'en a pas perdu une miette et trouve que j'exagère. Évidemment je vais passer quatre fois devant son regard accusateur en vidant mon coffre. Mon pull remonte et j'ai le ventre à l'air et mon mascara m'a dessiné de jolis trais noirs sous les yeux.
On rentre enfin, j'en peux plus de Junior, j'ai mal à la tête, à la gorge, je veux juste être sous ma couette et qu'on me fiche la paix. Je me réjouis d'avance de lui donner une soupe et de le coucher pour la sieste, mais... et oui mais je dois aller chercher Chéri d'Amour à son boulot à midi. Là je l'appelle, qu'il se débrouille pour rentrer, moi j'en ai marre. Sauf qu'au moment où je l'entend décrocher, mes yeux se posent sur l'horloge, cette saleté, qui me dit que je dois y aller dans un quart d'heure. Du coup, ça ne vaut vraiment pas la peine d'embêter Chéri d'Amour, du coup, faut encore que je traîne Junior derrière moi. Lui, il boude sur le canapé. Je lui dit : "mais joue un peu avec tes chevaliers, on ira chercher papa dans pas longtemps". Non, lui il boude. Puis soudain, quand je commence à rassembler mon sac et les clefs pour partir, il décrète qu'il veut jouer avec ses chevaliers maintenant. L'infanticide ne me parait plus si immoral à ce stade. Je traîne donc un Junior toujours hurlant pour récupérer son papa au travail, je lui file une bonne fois pour toute sa soupe et au lit. Évidemment, il ne veut pas dormir. Évidemment, c'est moi qui m'y colle.
Il dort environ un quart d'heure, ce qui n'améliore pas son humeur, ni la mienne, et nous filons à son entraînement de hockey sur glace sans glace. Hum oui alors voilà, la patinoire de Cherbourg est en travaux jusqu'en 2013, du coup, les entrainement de hockey se font en roller dans un gymnase. Vala vala. Chéri d'Amour me reproche de ne pas avoir préparé correctement ses affaires (en même temps c'est lui qui est allé à l'essayage et qui sait précisément ce qu'on doit lui mettre avec ses protections) (du coup, il aurait pu s'en charger au lieu de jouer sur l'ordi pendant que je continuais à me débattre avec Junior)(enfin je dis ça je dis rien), on arrive en retard le temps de l’arnacher comme c'est pas permis (doublement instantané de Junior). A partir de là, ça va mieux. Junior s'amuse comme un petit fou, en une heure et demi il passe de "j'ai jamais mis de patins de ma vie" à "je me déplace tout seul et je sais me relever sans problème". Ébahie je suis.
On rentre, je lui donne son bain, et on retente de le coucher. Évidemment, il reste une demi-heure dans sa chambre et me soutient qu'il a dormi alors que j'ai entendu plein de boums et son circuit de voiture. Là il est 16h, je consulte mes mails pour la première fois de la journée, j'ai la tête qui fait bodom bodom, ma gorge n'est plus qu'un morceau de toile émeri, et je mange des chocos en lisant Hellocoton. Me parlez pas les gens. Je colle Junior devant l'Age de glace et je raconte ma journée de m*** sur mon blog.
Bref, comme dirait l'autre, j'ai fait les courses.
E.
Rhaaaaaa, la journée de m**** !! Et Murphy n'est pas ton ami...
RépondreSupprimerNan, Murphy n'est décidément pas mon ami. Et mercredi prochain, Chéri d'Amour va à la cantine. Ah non mais alors.
RépondreSupprimerFranchement ?! Je compatis sincèrement...mais j'ai adoré te lire, contrairement à toi, je n'ai pas d'enfants, mais mis à part ça, j'ai eu l'impression que tu racontais ma journée type niveau galères-qui-s'accumulent-et-ne-s'arrêtent-jamais.
RépondreSupprimerC'était tordant, et très agréable à lire. Merci d'avoir partagé ça avec nous, j'me sens moins seule !
Et courage, demain est un autre jour...!
Eh bien si tu as déjà souvent ce genre de journée sans enfants, tu es blindée, plus rien ne peut venir te la gâcher (ni vomi, ni pleurs, ni oubli de doudou ne pourront te faire peur). Dans un sens (mais un seul) je t'envie :D
RépondreSupprimer... et j'imagine que tu peux pas coller Junior à la cantine avec son père ? ...
RépondreSupprimerWaaah j'aimerais bien, mais y'a plein de choses qui font que ça n'est pas possible hélas... déjà, le padré il lui faut un badge pour aller à son boulot, donc Junior bah il ne peut pas rentrer, et puis il faut qu'il dorme un p'tit peu sous peine de se transformer en Mégapéniblor (le fils (enfin le père aussi)), ce qui n'est cool ni pour sa génitrice (moi) ni pour son prof de hockey (à 14h)... j'ai retourné tout ça plusieurs fois, il me reste à tester aussi la sieste APRES le hockey, mais franchement je ne pense pas qu'il tienne, surtout avec le sport et tout et tout... Sinon j'investis dans une nounou, mais je ne pourrais plus assister aux séances (ni mater le prof de hockey)... halalalala c'est pas simple :D
RépondreSupprimerJe découvre ton blog aujourd'hui avec ton billet "De l'auto-censure", et au gré de mes clics, je découvre ce billet-ci. Excuse-moi, mais j'ai ri, nerveusement certes, mais que j'ai ri. Tu viens d'égayer la journée (archi pourrie) d'une maman (esclave ?) de 5 enfants. Tu as une verve incroyable, j'adore ! Je file continuer ma lecture ! Au plaisir !
RépondreSupprimerTout le plaisir est pour moi :) je ne sais pas comment tu fais avec 5 enfants. Je suis en train de préparer le deuxième, et je ne sais déjà pas comment je vais faire... je m'aplatis de respect !
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