2012/07/08

Mauvaise mère ?

Le concours de meilleure mère de l'année ne passera pas par moi.

Pas que je ne le gagnerais pas (bon ok, sans doute pas) mais je ne veux pas y concourir.

Ca c'est ce que je pensais il y a encore quelques jours, mûrissant une idée d'article où je me serais insurgée contre ces supermômans bien-pensantes qui font toujours tout mieux que toi et n'hésitent pas à t'incendier cruellement si tu avoues (à ton corps défendant) que tu fais parfois des erreurs.

J'aurais dit que chacun fait comme il peut et que c'est toujours très facile de juger le travail fini. Et aussi qu'avouer son erreur c'est déjà en avoir conscience, ce qui est toujours mieux que de faire n'imp' sans même s'en rendre compte.

J'aurais enfoncé des portes ouvertes, mais quelques articles récents m'ont fait bondir de ma chaise (enfin autant que ce que mon gros bide me permet), des articles bien pensants eux-aussi, qui dénoncent les méthodes jugées discutables de certaines mères et se mettent en avant à grand renfort de "moi c'est mieux, mais je ne juge pas hein".

Bah voyons.



J'aurais donc écrit cet article, en pronant le "mais chacun fait ce qu'il peut bordel", et en râlant contre cette surenchère de "bien manger, bien bouger, sauver la planète, avoir une belle maison bien rangée, bien avancer dans sa carrière, bien élever son gosse et ne jamais faire la moindre erreur, et surtout serrer les dents pour que personne ne voit que tout n'est pas parfait".

J'aurais écrit cet article.

Mais ça, c'était avant.

Avant ce matin où je lis tout d'abord cet article-là qui me parle de ce blog-là. Je lis donc le premier, et feuillète un peu les derniers articles du second. Et je me surprend à me comparer (réaction typiquement humaine j'imagine) et à me féliciter que "ah ben chez moi quand même c'est bien mieux".

Horreur.

Me voilà devenue une de ces vieilles harpies en train de critiquer les autres et me vanter (même intérieurement) de ma (pseudo) réussite. Alors que le but de ce blog ainsi que des bouquins qu'elle a écrits serait plutôt de décomplexer ceux qui font des erreurs et s'autorisent un peu de souplesse en leut disant qu'ils (enfin ELLES)(nan parce qu'on s'adresse essentiellement aux mamans, pas aux papas, j'en ai déjà parlé à la fin d'un ancien post) ne sont pas seules dans cette galère et qu'elles peuvent déculpabiliser tranquilou sans risquer de traumatiser leurs enfants à mort à chaque (faux) pas.

Eh ben là, je me suis surprise à faire un tss-tss-tss mental. Et je me demande de quel droit, ou en quoi ça pouvait bien m'aider ou me faire du bien de me comparer à elle. Parce que j'ai conscience de ne pas être au top de ce qu'on attend d'une "mère parfaite", qu'il m'arrive (souvent) de préférer me coller sur l'ordi plutôt que de jouer aux légos avec Junior, sachant que "jouer aux légos" revient à le regarder, s'extasier et construire des trucs dont il se fout, mais qu'il te commande juste pour t'occuper. Bref. Et je continue à me justifier, comme pour (me) dire que je ne suis pas si mauvaise finalement.

Je crois qu'on touche à un tabou culturel, là.

Il y a deux écoles : celles qui ne supportent pas qu'on puisse avoir une image négative d'elles et qui vont vous parler longuement de tous les efforts qu'elles font pour que leurs gamins/silhouette/empreinte énergétique/j'en passe soient les meilleurs possibles. Et que c'est pas si dur que ça et que franchement on pourrait en faire autant (bande de feignasses). Et puis il y a celles qui ne veulent pas perdre leurs avantages de nulli et qui considèrent que leur vie ne tourne pas autour de leur gamin et que si elles sont épanouies, leurs enfants le seront aussi.

Sauf que la plupart du temps, on se situe plus ou moins entre les deux. A savoir, on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a, on assume de se lâcher un peu  (on n'est pas des suédois de magazines), tout en se justifiant pour que quand même on ne nous lance pas de tss-tss-tss.

On peut même étendre cette tendance à celles qui ne veulent pas d'enfant (pas qui ne peuvent pas en avoir, hein, celles qui n'en VEULENT pas), et qui se prennent encore plus de tss-tss-tss que les autres, comme si la maternité était leur seule voie de salut (on est à deux doigts de l'accusation d'hérésie).

Reste à comprendre pourquoi les femmes se mettent toutes seules ce genre de pression sur les épaules. Je ne me suis jamais sentie particulièrement féministe (dans le sens "chienne de garde" du terme), mais je dis (enfin je répète) que franchement, le modèle Bree van de Kampf me fait peur. D'une parce que je suis bien trop feignasse pour faire tous ces efforts à rendre ma vie parfaite (et ennuyeuse), et de deux parce que je ne voudrais pas que cette image d'Epinal devienne la norme, ni être mise au ban parce que je déroge au modèle et que je ne rentre pas dans le moule préformé. Je ne veux pas me sentir mal ni douter de moi et de mes qualités parce que je ne suis pas "parfaite".

Je ne veux pas non plus passer dans le camp des juges et regarder d'un air hautain celles qui suivent une autre voie que moi.



Bref, j'aimerais bien qu'un jour tout le monde arrive à vivre intelligemment sans se juger les uns les autres. Chuis une utopiste indécrottable.

E.

3 commentaires:

  1. j'aime beaucoup cet article... je me situe au milieu... je tente de faire au mieux avec mes moyens et mon instinct... et je me plante parfois, mais c'est la vie!

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  2. je suis plus Linette que Bree (bon en fait linette a quand même beaucoup de mômes, moi je galère avec un, mais équivalent à 3 à lui tout seul!!! mouarf je l'aime mon gnôme :p)

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    1. C'est clair que 5 enfants ! je suis sur le point d'en avoir deux et je ne sais déjà pas comment je vais gérer !

      @Lili : j'ai lu je ne sais plus où que les parents "parfaits" faisaient des enfants totalement flippés de la vie. Donc autant être imparfaits quoi hein, c'est pour leur bien :D

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