Baby blues

Bien.

Les fêtes sont passées, on l'a annoncé à tout le monde (ou presque) donc il est normal que ça soit votre tour : j'ai une brioche dans le four, un polichinelle dans le tiroir, les petits pieds poussent les grands, bref, Junior 2 est en route. 

C'est pas que je ne soit pas contente de ça, mais disons-le clairement, tant que j'en serai au premier trimestre avec son lot de beurk, de bleuar et de ron pich ron pich, je ne vais pas trouver ça cool et je vais même être carrément ronchonchon. Même si ce sont des symptômes "sympathiques" (il est clair que c'est un homme qui a découvert ce titre ô combien ridicule pour parler d'une femme qui vide le contenu de son estomac à chaque repas), et même s'ils font sourire tout le monde parce que c'est "cro mignon" et que c'est "bien normal" de se sentir comme ça, ben quand même, la sensation d'avoir une grippe intestinale pendant deux mois ça fait perdre un brin son sens de l'humour (et on se demande pourquoi les femmes enceintes sont caractérielles...).

Je crois que ce qui m'étreint le plus, c'est que maintenant je sais à quoi m'attendre. Pour le premier j'avançais en terra incognita et plutôt gaiement je dois le dire. Je n'avais aucune idée de ce qui allait se passer et tout était fait pour me faire croire qu'une douce félicité allait m'envahir sitôt que ces vilains petits (oui oui "petits") symptômes de début allaient disparaître. Je ris (jaune).

Alors oui je sais y'a toujours pire que moi, des filles obligées d'être hospitalisées, qui vont passer neuf mois allongées sur un lit d'hôpital et gnagnagna... Désolée, mais je n'ai jamais été trop sensible à l'argument, servi trop de fois, des petits chinois qui seraient bien contents de pouvoir manger mes épinards et que je devrais être contente tout de même. Eh oh, faut pas pousser, les chinois, ils sont en train de nous bouffer, et que je sache, on n'est pas des épinards. Sont pas fous les p'tits chinois. Donc tout ça pour dire que oui je me plains, oui je sais que certaines rêvent de pouvoir un jour ressentir ça parce qu'elles n'arrivent pas à avoir d'enfants (je suis passée par là moi aussi alors venez pas m'embêter), mais ça fait 3/4 d'heure que j'essaie vainement d'avaler un riz au lait histoire d'avoir quelque chose dans le ventre (la dernière fois que j'ai mangé c'était hier midi et c'était plutôt frugal) mais chaque bouchée me tire des hauts le cœur. Non je peux pas essayer de manger autre chose, ça n'a rien à voir avec le riz au lait, c'est le fait de manger qui me donne des hauts le cœur. Oui je pourrais arrêter de manger, mais alors je finirais par mourir (cruel dilemme, hein ?). Oui je sais y'a pire que moi mais c'est pas une raison pour que je n'ai pas aussi le droit de pleurnicher sur mon sort.

Pis me faites pas chier, chuis enceinte.

E.